Créat'Art Déco

Aller au contenu

Menu principal :

 LE CHALOTTET par C-A D
 
 
 
 
LETTRE OUVERTE AU CHALOTTET
 
Cher Chalottet, tout d’abord permet-moi de te tutoyer malgré ton âge vénérable et tout le respect que je te dois.
Mais au fait, qui es-tu pour que je m’intéresse tant à toi ? Pourquoi suis-je tombé amoureux de toi ? Où te trouves-tu ? Quelle est ta vie ? Quel est le phénomène qui fait de toi mon plus prolifique sujet  de peinture ? Qui sont tes propriétaires et tes occupants de l’été ? Que font-ils ? Autant de questions auxquelles je vais essayer de répondre et pour cela je ne vais pas y aller par  quatre  chemins, je vais carrément aller droit au but, ou du moins tenter d’y aller, être franc avec toi et te dire d’entrée qu’artistiquement tu es parfois pas facile à « croquer », voir insaisissable certaines périodes ou même certains jours carrément avec ton environnement en perpétuelles mutations; en effet ce jour-là alors que je commence un nouveau dessin de toi, voilà tout à coup comme  un grand bruit sinistre qui résonne dans toute la combe, je détecte sans autre que l’engin s’appelle « tronçonneuse » et soudain un de tes voisins du type bien connu ici sous l’appellation sapin ou hêtre perd une branche, une deuxième, une troisième, puis une dizaine, cinquante, nonante, nonante-neuf ,….puis « sans » ! Eh, oui ! sans branches que se retrouve ton voisin, et pour parachever le travail voilà un tronc et une ombre en moins, le paysage immuablement s’éclairci, mais aussi et il faut le dire aussi une raison de moins pour vivre de cet implacable et ravageur petite bête au nom commun de bostryche qui s’attaque qu’aux sapins par ailleurs ! Avec toi Chalottet il faut dessiner rapide pour avoir un tableau à jour, mais cela est bien car l’importance de l’imagination florissante de l’artiste fait de toutes façons le reste, l’œuvre ne devant en aucun cas être photographique, la preuve en est que ce n’est pas leur emplacement passé ou actuel qui m’a le plus influencé sur mes œuvres, mais la nature et ses mutations qui poussent l’artiste au génie de son interprétation imaginative et même au-delà. Mais ce ménage approprié indispensable pour  ton propriétaire soucieux  du bon entretien de tes alentours, de garder une surface en herbages suffisante pour l’estivage du troupeau et surtout de se procurer le bois indispensable au fromager du lieu qui va nous concocter ses spécialités dont il a le secret.
Pour t’atteindre, il faut "viser"  Les Charbonnières et sa place centrale, prendre la route de Mouthe en face de l’hôtel du Cygne, ensuite il faut grimper dès que l’on quitte cette route en face du cimetière  pour un chemin peu sinueux par ailleurs, on passe entre La Cornaz et Haut-des-Prés, un virage à droite et on file tout droit pour une « presque » rectiligne avec sur notre droite ce magnifique et enchanteur paysage, on traverse un petit bois et nous voilà sur ton domaine , ça sent bon l’arrivée du pâturage, après le mur sur notre gauche on croise un abri en bois et un peu à l’écart sur le haut où flotte parfois un drapeau Suisse annonçant clairement son occupation par le maître des lieux, un  cabanon,  il parait que le locataire est colonel, serait-on en présence du corps de garde du Chalottet ? Puis voilà un magnifique bassin  richement garni de fleurs, la pancarte sculptée nous confirmant clairement  l’invitation courtoise,  quelques centaines de mètres plus loin voilà que soudain au sortir de la forêt notre regard sur la gauche est attiré par ton majestueux toit rouge, plus précisément Terre Rouge Opaque  N°554 dans la gamme des couleurs F.W. et tes volets Terre d’Ombre N° 620 de chez Schminke mais, pour arriver jusqu’à toi il nous faudra encore franchir un portail électrique, suivit de près par un fameux nid de poules sur la bande de roulement gauche que j’évite au dernier moment mon regard étant immanquablement fixé sur toi et ton toit, mais il reste encore à faire la petite centaine de mètres pour arriver vraiment à tes pieds par un chemin qui subitement nous transpose à une fameuse course qui relie deux villes connues, une en Europe et l’autre en Afrique, la 1ère possédant une tour célèbre signée Eiffel, l’état général du chemin vaut bien quelques gendarmes couchés de nos villes et villages de plaine, mais le ralentissement provoqué vaut bien cela, il nous permet d’arriver à toi tout en t’admirant tranquillement, ceci n’est point une critique : il doit rester comme cela, brut avec ses cailloux et ses « défauts » et sa bande centrale herbeuse, il souligne tes perfections, il est le trait d’union incontournable entre le goudron et ta place en terre battue, l’améliorer serait un sacrilège, et en plus à l’époque que l’on vit si ton chemin devient rapide il faudra immanquablement créer des chicanes pour ralentir les pressés d’arriver chez toi et les plus pressés qui n’ont pas vu le temps passer et qui ont hâte de rentrer ! Mais dès cet endroit il faut le reconnaître, tu deviens magnifique, ton architecture est merveilleuse, tu es beau sur ta bosse avec ce toit superbement restauré et tes murs blanc lumineux, on prend le temps de t’observer même si les vibrations du véhicule nous donne l’impression de voir trouble, oh ! En repartant de chez toi par ailleurs j’ai aussi vu un peu trouble mais ce n’était pas les vibrations de ma voiture, je suis rentré à pied, et bien les vibrations, je les avais aussi !...... déjà sur la gauche on va se parquer, mais tu as du succès, bien des visiteurs viennent chaque jour te dire bonjour, déguster et acheter tes produits made in " sur place " et donc ce jour-là il faudra manœuvrer pour se glisser entre deux  véhicules, à pied il reste à effectuer quelques dizaines de mètres pour arriver, le temps de remarquer la cabane de tes bouffeurs de petit lait en contrebas, le silence étant soudainement rompu par des cris stridents d’une " lutte " entre deux congénères, leurs groins s’étant sûrement arrêtés sur la même crotte !  Le long du chemin pas mal d’idées de tableaux me sont venues, te voilà en hivers, de jour, de nuit, après l’orage, à la fonte des neiges, petit monde à part, taillé dans le fromage que tu produis, simplement sans neige, de l’arrière, de la face ouest, face sud-est, sud, etc., tu es beau de tous tes côtés !
Comme je l’ai déjà écrit, côté visiteurs, seul tu ne restes pas longtemps, sous le couvert à ta droite une sorte de réunion se tient, un petit groupe de tes nombreux visiteurs assis autour d’un verre et d’un morceau de fromage, il y a même des tomes, illustres tomes au bon goût du chalet, mais ce jour-là je ne suis pas venu pour m’éterniser malgré l’envie et la jovialité des convives, mon "travail " du jour est de te mitrailler de photos et faire des croquis de toi et du magnifique paysage que tu peux toi admirer en permanence, tiens, j’ai même observé que depuis ton piédestal le sommet de la Dent de Vaulion était comme raboté avec un angle insolite unique puis mon regard s’enfuit sur l’autre sommet, celui du Mont-Tendre sans voir dans le creux du col du Mollendruz comme par exemple depuis Les Plainoz ces superbes Alpes Bernoises de l’Eiger, Mönch et de la Jungfrau, ça c’est le petit plus qui te manque mais on ne peut jamais tout avoir. Chalottet, depuis ton arrière franchement la visite vaut aussi la peine, tu fais un peu plus cossu à cause de la petite construction sur ta droite et du bûcher, cela n’a pas d’importance, peu de visiteurs doivent faire ton pourtour, bloqués qu’ils le sont sous le couvert ou en cuisine ; le fromager et son épouse valent bien qu’on leur consacre un "bref" instant! Ta porte arrière a une jolie serrure forgée qui m’a aussi donné des idées pour un tableau, mais de toi et ton toit, qu’est-ce qui ne me donne pas d’idées ? Tu ne payes pas de mine mais dans tes alentours, pas très loin de toi il y a des choses qui méritent aussi le détour sans être  aussi importantes que l’on aimerait, mais la fameuse morille taillée à la tronçonneuse mérite un détour et je ne vais pas manquer le plus joli des hôtels que beaucoup ne soupçonneraient même pas l’existence, c’est le génial Hôtel des Bûcherons, une petite merveille du genre mais bien visité, il suffit de jeter un coup d’œil au livre d’Or du lieu sans omettre de le signer aussi, il y a aussi la Muratte construite en 1721 avec son petit écosystème et son vieux puits fonctionnel qui mérite le détour même si tu as vraiment hélas peu de chances d’y rencontrer âme qui vive à part le troupeau du coin et ses ânes errants. Tu vois Chalottet qu’il y a concurrence, mais rassures-toi, tu es le plus beau, tes pâturages  sont soignés et bien entretenus, les chardons et autres mauvaises herbes n’ont qu’à bien se tenir, le Colonel et ses agents spéciaux  les traquent sans relâche, le « Quad » leur donnant carrément l’air de troupes d’élite capables de fondre sur tout adversaire herbeux non désirable, ce qui nous prouve que les mauvaises herbes n’ont pas plus de chance que les arbres " mal placés " ou bostrychés dans tes environs! Tu vois Chalottet, ta chance est énorme grâce à tes propriétaires qui  en plus de la sympathie sont soucieux de leur patrimoine, combien de chalets  au cours de mes nombreuses promenades j’ai croisé dans un triste état  à la limite de l’abandon, ou là sans vie voir entretenus avec un goût des plus douteux, pour eux le patrimoine s’est arrêté, seul le temps qui passe va les effriter, envahis par la forêt qui reprend « ses droits ? » Regarde par exemple les Petites Cernies, si tu vois ça tu t’écroules du triste spectacle! Alors désormais mesure ta chance avec respect et vis de longues années heureux. Mais au fait Chalottet je connais vraiment si peu de ton histoire et de tes anciens, ceux qui de rien ont tout créé, qu’il faudra bien un jour que tu me dévoiles entre quatre yeux tes origines et ton passé, vénérable chalet, et j’y compte bien même si ma série de tableaux crée en partie pour ce maillon manquant de mes connaissances dont l’imaginaire n’est pas forcément totalement à côté de ton histoire ! Pousser l’étude du lieu à une imagination créative dépassant les limites du réalisme au travers de situations, de phénomènes et d’évènements laissant libre cours à la force intuitive aux frontières du réel visuel, imaginer et mettre sur toile ce que beaucoup voient sans pouvoir le transcrire mais croire qu’un chalet est un simple toit sur des murs au milieu de pâturages et forêts, et un peu par-ci, par-là un troupeau donnant libre cours à son concert de sonnailles au gré du broutage, de l’errance, du repos ou de la rumination serait penser que le coin est sans âme, alors que c’est réellement  tout le contraire, l’appel à l’invitation est une réalité, personnellement, je me suis peut-être un peu plus invité chez toi Chalottet, mais Chalottet tu me plais et je désire apprendre de toi ton lointain passé et de connaître l’histoire de tes ancêtres qui t’on fait vivre au-delà du temps et des ans ! Des idées j’en ai encore, rassures-toi, seul le temps de les réaliser me manque un peu, mais Chalottet on a pas fini de parler toi et de ton toit, de la merveilleuse, originale et unique série de tableaux de ton site, de tous ses recoins, de ces angles insolites d’où malheureusement seuls les sons ne peuvent êtres transcrits sur la toile, ceux d’un pâturage qui vit au temps du temps et des saisons qui s’égrènent, quoi que, celui qui sait voir autrement y entendra certainement cette magie sonore venue d’ailleurs ?
Et puis Chalottet, qu’es-tu devenu en cette année 2008 ?
Comme tant d’autres, comme d’autres vont le faire, et comme de plus en plus vont se convertir : en buvette/restaurant d’alpage ! Désormais et pour toujours ces va et vient immuablement définis par l’horloge du temps qui s’écoule comme la rentrée des bêtes pour la traite, la sortie des bêtes après la traite, où tout se passait dans la douceur et le calme, le bruit des cloches, l’odeur du bétail dans l’écurie, la traite, le remplissage de la cuve au gré de ce que voulaient bien donner les tétines et de la dextérité du berger, et j’en passe, tout cela c’est le passé qui s’efface ! Désormais tu vas vivre au gré des clientes et clients, des gens de passage tout heureux certainement de pouvoir se ravitailler et même faire leurs emplettes des bons produits du terroir fabriqués avec goût et qualité par la famille Favre. Petit à petit tes murs intérieurs s’imprégneront d’autres odeurs pour finir par ne plus avoir celles des vaches. Fais bien attention à toi de ne pas te transformer tel un autre connu loin à la ronde d’en dessus de l’abbaye en chalet dont l’âme serait immuablement partie vers d’autres horizons d’un impossible retour à toutes logiques avec les pâturages alentours encombrés de véhicules en tous genres, en tous sens, avec comme j’en ai été le témoin d’un belle journée chaude où deux 4x4 mal garés dont les propriétaires tout heureux de s’oxygéner dans cette belle nature autour d’un bon repas ‘’chalet’’ ont tout simplement à ma grande intrigue laissé tourner les moteurs de leurs grosses bagnoles ! Avaient-ils oubliés par ‘’mégarde’’ de couper le contact de leurs énormes 4x4 ? Eh bien non, quand il fait chaud comme cela, que l’on a fait bombance à cette altitude il est bon de laisser tourner le moteur de son véhicule pour que la climatisation de sa bagnole soit à une température acceptable lorsque l’on va repartir ! Chalottet prend garde, transforme-toi si tu veux, mais pas à n’importe quel prix, pas n’importe comment, et pas pour n’importe quoi ! Je suis confiant en tes capacités d’adaptations, j’y crois du fond de mon cœur et de mes sentiments sincères, tes propriétaires ont du génie, mais attention aux débordements des autres !
 
                                                                          Artiste-admirateur-passionné
Claude-André Depallens
 
 
 
 
 
Dernière adaptation :14.03.2006 
® © CAD
Réadaptation : 13 avril 2008
 
Retourner au contenu | Retourner au menu